Entête Octobre 2015

entete_octobre_2015Cet article fait suite à l’entête du mois de Septembre 2015: le stress est une réponse automatique de notre organisme à une situation présente ou à venir. L’objet de cet article est de montrer que les conséquences de ce stress ne sont pas déterminées et qu’il est possible de les influencer à la fois d’un point de vue santé et d’un point de vue performance.

Un constat physiologique Le stress s’accompagne d’une réponse physique systématique: l’augmentation de la pression sanguine et du rythme cardiaque. Il a été observé que dans certains cas les vaisseaux sanguins se contractent et dans d’autres cas ils se dilatent. Cette différence modifie les conséquences sur la santé et les performances. Dans le premier cas, la répétition des situations peut conduire aux problèmes cardiaques habituellement associés au stress et à une plus grande fatigue après l’épisode stressant. Dans le second cas, les effets sur le cœur sont neutres, la fatigue ne croit pas avec le stress et globalement les performances physiques et intellectuelles sont meilleures. A ce stade, une question est de comprendre ce qui oriente le comportement des vaisseaux sanguins.

Une explication Elle provient des recherches effectuées sur la régulation des émotions à la fin des années 1990 et début des années 2000. Celles-ci ont montré qu’une émotion ressentie résultait de plusieurs facteurs comme la situation, le contexte, l’expérience, etc…. Dans le cas précédent, la clé de différentiation tient à la perception de la situation: menace ou défi. Une perception de menace conduit à la contraction des vaisseaux. Cette contraction est comprise comme une réponse physiologique préparatoire au cas où il y aurait blessure et dans ce cas la constriction des vaisseaux serait un élément permettant d’éviter plus facilement une hémorragie. A l’inverse, une perception de défi a tendance à mettre en œuvre tout ce qui peut augmenter les performances ce qui est fait en augmentant le flux sanguin. La question se pose alors de savoir s’il est possible d’influencer la perception de la situation (menace ou défi). La réponse à cette question est oui.

Une expérience En 2010, Jeremy JAMIESON réalise une expérience avec des étudiants qui se prépare à passer un examen. Il s’agit en fait d’un examen de préparation pour lequel une partie des étudiants reçoivent des consignes neutres et une autre partie des étudiants lisent un texte qui indique que le stress peut avoir un effet bénéfique sur les performances et que pour cela il ne fallait pas s’inquiéter de l’angoisse ressentie que celle-ci allait les aider pour l’examen. Un test de salive est effectué sur tous les étudiants avant et après la lecture des instructions pour mesurer le taux d’hormones du stress. Les étudiants qui ont lu les informations comme quoi le stress pouvait les aider (réévaluation du stress) ont vu leur taux d’hormones du stress augmenter ce qui n’a pas été le cas pour les autres. Ensuite une corrélation a été trouvée entre le taux d’hormones de stress et les résultats à l’épreuve de math pour les étudiants ayant lu la réévaluation du stress: plus le taux était élevé meilleur étaient les résultats. Cette corrélation n’existe pas pour les étudiants n’ayant pas eu la réévaluation du stress. L’expérience a aussi montré que ces résultats étaient vrais pour les épreuves de math mais pas pour celles d’expression verbale. Cette différence a conduit à l’interprétation qu’un niveau de stress élevé vu comme un défi augmente les capacités cognitives liées au raisonnement (maths) mais pas celles liées à la mémoire (expression verbale). L’expérience a été menée pour un examen blanc. Un mois plus tard, l’examen réel a confirmé les résultats de l’épreuve préparatoire sans que les étudiants n’aient été revus par les chercheurs. Ceci indique que les effets d’une réévaluation du stress est durable dans le temps.

Ce qui précède indique que nous pouvons influencer les conséquences sur notre santé et notre performance liée à une tâche  ou à une situation stressante. Pour obtenir une réévaluation du stress, les éléments de pensée positive sont un premier ingrédient. Se dire que le stress va nous aider à surmonter notre tâche est un élément indispensable mais il n’est pas suffisant. Il est nécessaire de pouvoir accepter l’inconfort qui vient avec l’anxiété sans chercher à lutter contre. 2 autres éléments favorisent les effets positifs de la réévaluation du stress: être convaincu que nous pouvons mener l’action (avoir les compétences, les capacités, le temps, etc…) et bénéficier de soutien. Le premier élément soutient la pensée positive. Le deuxième élément est connu depuis les années 1970 car dans son modèle d’évaluation du stress Robert KARASEK a introduit la dimension de soutien social comme facteur de régulation.  Cette forme de réévaluation du stress est surtout pertinente pour des actions courtes à mener comme: passer un examen, faire un discours, soutenir un projet devant des décideurs, préparer un entretien, …

En conclusion, les conséquences négatives du stress sur la santé et la performance ne sont pas une fatalité. En considérant que la situation est un défi à relever plutôt qu’une menace, il est possible d’améliorer sa performance et de réduire l’impact négatif sur sa santé. Toutefois, il ne s’agit pas d’une solution magique, le travail d’acquisition des compétences, de préparation est toujours nécessaire. La réévaluation du stress est plutôt une façon de tirer un meilleur parti du travail fourni.

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